Contrer la pénurie de spécialistes en pharmacie

Depuis 2020, l’Université de Berne propose un cursus d’études complet bifacultaire en pharmacie, unique en Suisse. Affirmant le rôle de passerelle de la pharmacie entre les sciences naturelles et la médecine, il contribue à contrer la pénurie de pharmaciennes et de pharmaciens en Suisse. À l’été 2022, la première promotion a achevé avec succès le nouveau cursus de pharmacie.

En 2020, l’Université de Berne a étendu le cursus de pharmacie à un cursus complet, répondant ainsi à un besoin au niveau national : contrer la pénurie de pharmaciennes et de pharmaciens en Suisse. Outre Berne, la pharmacie peut être étudiée en Suisse à Bâle, Genève et Zurich. Le cursus d’études proposé par l’Université de Berne est unique dans le pays en cela qu’il associe sciences naturelles et médecine en offrant aux étudiant·e·s une base solide dans les matières de base en sciences naturelles, biomédecine et pharmaceutique au niveau du bachelor à la Faculté des sciences naturelles (sciences pharmaceutiques), puis, en master, une formation clinique centrée sur les patient·e·s à la Faculté de médecine (pharmacie), qui prépare à l’examen fédéral en pharmacie.

Durant l’été 2022, la première promotion d’étudiant·e·s a achevé avec succès le nouveau cursus d’études de master de pharmacie de l’Université de Berne. Après le master a eu lieu l’examen fédéral en pharmacie organisé pour la première fois à Berne, suite auquel 22 jeunes pharmaciennes et pharmaciens ont obtenu leur diplôme fédéral. « Nous sommes très bien positionnés par rapport au reste du pays », se réjouit Verena Schröder, directrice des études de master de pharmacie. « Ce résultat remarquable montre que ce programme bifacultaire, qui met l’accent sur les soins médicaux primaires, n’est pas seulement attractif, mais répond aussi pleinement aux objectifs fédéraux », commente Christian Leumann, Recteur de l’Université de Berne. Après une interruption de plus de 20 ans, l’Université de Berne propose de nouveau un cursus d’études complet en pharmacie, qui a été accrédité par le Conseil suisse d’accréditation en mars 2022.

Une collaboration étroite sur le site médical de Berne

« Le master de pharmacie de l’Université de Berne bénéficie de l’infrastructure et de l’expertise exceptionnelles allouées à l’enseignement médical dans l’une des plus grandes facultés de médecine de Suisse, ainsi que de la collaboration avec l’Inselspital », ajoute Verena Schröder. Par exemple, les compétences cliniques (clinical skills) – techniques d’examen simples pratiquées en pharmacie, vaccinations et prises de sang – sont enseignées au BiSS, le centre interdisciplinaire de compétences et de patients fictifs de Berne, à l’UniZiegler, où les étudiantes et étudiantes s’entraînent à des scénarios dans les domaines du diagnostic, du triage et du conseil avec des patients fictifs.

Les étudiant·e·s suivent par ailleurs une formation en communication visant à les préparer aux premiers contacts avec la clientèle de la pharmacie durant les 30 semaines de leur engagement au poste d’assistant·e en 5e année d’études afin de les accompagner dans ce domaine. « À l’Inselspital, grâce à notre étroite collaboration avec l’Université de Berne, nous nous assurons que les futurs pharmaciennes et pharmaciens puissent acquérir une expérience clinique et pharmaceutique de haut niveau sur le terrain. De plus, nous pouvons leur faire découvrir la pharmacie hospitalière et leur montrer toute la diversité et l’exigence de la profession », déclare Jeannette Goette, pharmacienne en chef de l’Institut de pharmacie hospitalière de l’Inselspital.

Apprécié par les pharmacies

« La collaboration interprofessionnelle entre les différents partenaires du système de santé occupe une place centrale dans notre cursus de master », explique Claudio Bassetti, doyen de la Faculté de médecine de l’Université de Berne. En effet, une grande partie de l’enseignement est dispensée par des équipes mixtes composées de pharmacien·ne·s et de médecins, sous la direction d’Alice Panchaud (pharmacienne) et de Sven Streit (médecin généraliste), qui sont titulaires de la double chaire de pharmacie et de médecine de soins primaire à l’Institut universitaire de médecine générale (BIHAM).

Mark Kobel, président de l’Association des pharmaciens du canton de Berne, n’apprécie pas seulement la collaboration interprofessionnelle pendant les études. « Les pharmaciennes et pharmaciens bernois se réjouissent surtout que le master de pharmacie soit de nouveau proposé à Berne. Grâce à cette proximité géographique, nous pouvons proposer aux étudiant·e·s des stages intéressants dans les pharmacies du canton et ainsi tirer directement parti de l’influence de l’université sur notre pratique quotidienne. »

Amélioration de la sécurité de la médication dans l’intérêt des patientes et des patients

La chaire de pharmacie, que l’université a pu créer en 2020 avec le soutien de la Société Suisse des Pharmaciens pharmaSuisse, contribue, elle aussi, à l’attractivité des études de pharmacie. « Au sein des équipes interprofessionnelles de traitement et dans le cadre des échanges avec les patient·e·s et leurs proches, la pharmacie clinique vise à garantir une utilisation sécurisée et efficace des médicaments afin d’optimiser la santé des patientes et des patients », précise Prof. Carla Meyer-Massetti, titulaire de la chaire dotée de pharmacie clinique depuis 2021. La chaire est rattachée au département de pharmacologie et de toxicologie cliniques de la Clinique universitaire de médecine interne générale de l’Inselspital, Hôpital universitaire de Berne. La mise en relation entre la pratique et la recherche cliniques permettra de livrer de nouvelles connaissances sur la sécurité de la médication, qui viendront enrichir l’enseignement. Carla Meyer-Massetti indique également qu’une attention particulière est accordée dans ce contexte à la sécurité de la médication des personnes particulièrement vulnérables telles que les personnes âgées, les patientes et patients polymorbides et polymédiqués ou aux interfaces, par exemple entre un séjour à l’hôpital et la suite du traitement en ambulatoire ou les soins de longue durée.

« Les commentaires des étudiant·e·s sont très positifs et nous avons déjà plusieurs étudiant·e·s étrangers. Avec le cursus d’études complet en pharmacie, nous sommes convaincus d’être sur la bonne voie », conclut-elle.

02.12.2022